une 5xposition . arnaud rodriguez
une 5xposition . arnaud rodriguez

une 5xposition . arnaud rodriguez

Cinquième édition de ce projet numérique que nous avons initié en 2018, Une 5xposition se donne à nouveau pour ligne directrice d’exposer six artistes pendant six semaines d’affilée, à raison d’une photographie par semaine — soit : un.e photographe présenté.e chaque semaine, à qui nous demandons de faire un « état des lieux » de son travail à l’instant t à travers un cliché unique. Libre à elle ou lui d’accompagner l’image d’une explication, d’un texte, ou seulement d’un titre : le désir que nous avons est de réunir six visions, sans imposer un thème précis mais avec l’intuition que sans se connaître, ni s’être concertées, ces six images auront des choses à se dire, se répondront peut-être, voire se complèteront.


Depuis quelques années, je me confronte à un exercice difficile et exaltant en réalisant des portraits et en photographiant des corps, parfois nus. Là où l’Autre était, durant des années, absent, loin ou de dos, j’ai décidé de m’en approcher, de le regarder fixement, de l’affronter. Parfois, pour moi qui photographie mon quotidien depuis 20 ans, c’est aussi une manière d’en dévoiler la part la plus intime.

Le 22 août 2023, en emballant le visage de Stan Briche avec du ruban de plastique rouge, je cherchais à la fois à sortir du réel, dans lequel ma photographie est très ancrée, et à déplacer le réel – c’est-à-dire l’usage originel de ce ruban. C’était la troisième fois que Stan posait pour moi ; quelques semaines plus tôt, c’était avec des cordes que j’avais emballé son visage. Je ne savais pas ce que ça donnerait avec le ruban : on a essayé, comme on fait une première esquisse.

Je m’étais déjà demandé comment faire des portraits sans visage : on retrouve cette interrogation dans une photographie de fleur en 2019. Surtout, la thématique de l’absence est un des fils rouges de mon travail. Mais ma recherche n’était pas là ce 22 août. Pourtant cet homme sans visage, est apparu là, lui, dans cette absence.

Comme cette image, ma photographie, aujourd’hui, se situe à des croisements, entre le hasard et la quête, entre ce qu’elle montre, ce qu’elle veut dire – parfois rien –, et d’où elle vient. Elle est à l’impossible jonction de tous mes éparpillements. Et je ne sais pas ce qu’elle sera demain.


arnaud rodriguez

Arnaud Rodriguez pratique la photographie depuis 2003 : ce témoignage visuel s’accumule dans un journal en ligne, exercice d’écriture dont les images assurent comme la part manquante. Avec la distance et le temps, les images collectées se rejoignent et composent des séries laissant apparaître de nouveaux enjeux nourris par cette mémoire personnelle. Découvrant le Japon en 2011 puis y résidant de 2014 à 2017, ce pays constitue alors un terrain d’exploration photographique riche. Depuis 2017, d’autres territoires nourrissent son regard et il continue d’explorer de multiples directions, en ligne ou en exposition.

Au-delà des images fixes, Arnaud Rodriguez donne une place importante aux textes dans certains projets photographiques, et d’autres pratiques artistiques jalonnent son parcours. On citera notamment l’écriture d’un texte pour le projet Faire l’amour du chorégraphe Olivier Gabrys (2019) ou la participation au projet collectif Le film des instants de l’écrivain Franck Smith (2020). A l’automne 2021, il rejoint le projet « Journal intime collectif » de Mathieu Simonet. Il s’est dernièrement engagé dans des lectures à voix haute, mises en pratique lors de la performance littéraire Dire le Japon (2022) et de la Nuit de la lecture (2023).


Liens :

Journal : www.arnaud-rodriguez.net/journal/ 

Site web : www.arnaud-rodriguez.net/photo 

Instagram : https://www.instagram.com/arnaudrodriguezphotographe/ 

Sur le Japon :
Tous les projets liés au Japon (2011 – 2023)

Sur l’absence (non exhaustif) :
Présence de l’amour à l’intérieur (2019)
Ce lieu de l’absence de nous (2017)
Oubliés, peut-être (Depuis 2010)

Images et mots (non exhaustif) :
Le Temps d’un souffle (2022)
Présence de l’amour à l’intérie (2019)
Contrepoints (2013)

Sur les corps (Depuis 2020) :
Prénom Z
Portraits
Corps paysages