oléron, juste en face de new york : le mur de l’art !
oléron, juste en face de new york : le mur de l’art !

oléron, juste en face de new york : le mur de l’art !

Aménager une place pour l’art plastique et proposer à ses visiteurs un espace dédié à des œuvres contemporaines au cœur d’une boutique de décoration, tels ont été les enjeux d’Olivier et Raphaëlle DiQuirico, repreneurs de l’une des cabanes du Port de Plaisance de Saint-Denis d’Oléron en juin 2021.

Oléron, juste en face de New York : le nom sonne déjà comme une invitation au voyage. Et c’est parce que les voyages sont l’un de leurs centres d’intérêt, au même titre que l’accueil chaleureux des touristes oléronais dont ils ont appris à faire la connaissance au fil de plusieurs années, et sur les deux sites qu’occupait jusqu’à présent La Voile Blanche (à Saint-Denis et à Domino), que les nouveaux propriétaires de la cabane ont baptisé ainsi leur récente acquisition. Objets de décoration, littérature et ouvrages photographiques à l’honneur de l’île d’Oléron, mais aussi un espace bar et dégustation avec une terrasse ouverte sur la promenade vers le port, occupent la majeure partie de la boutique. L’une des conditions cependant de la reprise de la cabane, conformément au désir de la municipalité de développer la curiosité des visiteurs de la ville balnéaire, était d’offrir de nouveaux événements à la population locale. C’est aujourd’hui chose faite : trois expositions (en juillet, août et septembre) ont colonisé l’un des murs de la boutique, en partenariat avec le collectif d’artistes Public Averti, créé par Pauline Sauveur et Laurent Herrou (ce dernier ayant emménagé sur Oléron fin 2019).

« Il est toujours difficile de faire cohabiter décoration et art sans que le public ne considère l’un et l’autre à valeur identique » explique Laurent Herrou. « De la même manière, une fois l’idée de travailler ensemble établie, il nous fallait définir un espace dans la cabane qui, sans en détourner la fonction commerciale, représenterait à lui seul le désir de ses propriétaires d’accueillir de nouvelles formes d’art en son sein. » Le Mur (le nom du cycle d’expositions proposé) s’est immédiatement imposé comme terrain propice. « Parce que le mur en question fait face à un poster du Pont de Brooklyn, le parallèle entre le nom de la cabane et l’exposition d’artistes « face à New York » nous a ravis. Le Mur est un espace certes étroit, mais sa position, auprès des deux canapés Chesterfield du petit salon au fond de la boutique, et sa rigueur d’une certaine manière, qui impose la contrainte d’une seule œuvre (ou de plusieurs de dimensions plus modestes) ont constitué un challenge que Public Averti avait envie de relever. »

Catherine Danou, bien connue du Festival d’Arts Actuels qui a lieu chaque année à la citadelle du Château d’Oléron, a ouvert le bal mi-juillet, avec sa série « Franchissement des bords ». Une rencontre avec le public lors du vernissage de l’exposition a permis à l’artiste d’expliquer la nécessité qui est sienne de construire une « mémoire digitale », en apposant une empreinte de manière récurrente sur de larges feuilles de chanvre tissées entre elles, et que les visiteurs étaient invités à manipuler pour en ressentir la matière — et l’émotion. Stéphanie Corne, peintre française vivant à Brooklyn, a pris le relai au mois d’août, en accrochant six toiles (toujours en vente dans la boutique) créées à partir de photographies de personnes endormies dans le métro new-yorkais. « The city that never sleeps », titre du travail en pied-de-nez à la réputation de New York de ne jamais dormir, a été présenté par Emmanuelle Corne, sœur de l’artiste et membre elle-même du collectif Public Averti, suivi d’une discussion avec le public. Pelly Angelopoulou conclut cette première saison avec un « tétraptyque » intime et universel, somme de collages de photographies personnelles d’amis de l’artiste, de lieux importants à leurs yeux et de reproductions d’œuvres d’art mythiques. « ∏.ythologies » (l’initiale « M » remplacée par la lettre grecque « Pi » majuscule, première lettre du prénom de l’artiste) sera visible à Oléron, juste en face de New York jusqu’à la fermeture de la cabane, après les vacances de La Toussaint.

« Nous avions très envie de nous confronter à l’art contemporain » racontent Oliver et Raphaëlle DiQuirico, « dans toute son exigence, sa variété, sa complexité, mais également son côté ludique, provocant parfois. Les rencontres avec les deux premières artistes invitées ont été riches et chaleureuses, les questions et les réactions, nombreuses et variées. Pelly Angelopoulou, que nous recevrons courant octobre à Oléron, juste en face de New York, et dont l’expérience et la vision nous ont étonnés (un interview de l’artiste accompagne l’exposition), termine en beauté cette saison, première d’une longue série, nous l’espérons. »