une 3xposition . alain licari
une 3xposition . alain licari

une 3xposition . alain licari

Troisième édition de cette initiative numérique que nous avons démarrée en 2018, Une 3xposition se donne pour ligne directrice d’exposer six artistes pendant six semaines d’affilée, à raison d’une photographie par semaine — soit : un.e photographe présenté.e chaque semaine, à qui nous demandons de faire un « état des lieux » de son travail à l’instant t à travers un cliché unique. Libre à elle ou à lui d’accompagner l’image sélectionnée d’une explication, d’un texte, ou seulement d’un titre : le désir que nous avons eu est véritablement de réunir, non pas au hasard, mais au goût, dirions-nous, six visions, sans imposer un thème précis mais avec l’intuition — qui s’est avérée juste lors des deux premières éditions — que sans se connaître, ni s’être concertées, ces six images auraient des choses à se dire, se répondraient peut-être, voire se complèteraient.


guinée villages

En Guinée, la vie dans les villages est rude : pas d’eau courante, pas d’électricité. Au mieux, un groupe électrogène qui permet de temps à autre d’allumer une ampoule, de recharger un téléphone. La journée est rythmée par la lumière du jour, le travail (agriculture, pêche, vente sur les marchés…) et les tâches ménagères. Dans cette société traditionnelle, les tâches domestiques incombent aux femmes qui se doivent donc de tenir la maison, de s’occuper des enfants, de préparer les repas. Elles peuvent aussi contribuer à l’économie du foyer en vendant fruits, légumes, poissons… ; ramasser du bois ou encore rendre de menus services à la communauté. Cette société est patriarcale et la femme est donc placée sous la domination masculine. Malgré cela, les femmes guinéennes s’organisent, se retrouvent et disposent ainsi de quelques stratégies pour restreindre cette autorité.

Ces femmes se font coiffer. La coiffure est très importante pour la femme africaine. Ces dernières années la « coupe afro » est devenue un signe de revendication identitaire pour les femmes noires aux USA ou en France. Mais en Afrique, la plupart des femmes ne gardent pas leur cheveux crépus. Ils sont tressés ou ornés de perles (c’est souvent le cas des jeunes filles). En ville, les femmes qui en ont les moyens mettent des ajouts ou des perruques. Le prix de ces implants est variable selon leur qualité et leur longueur. Ils peuvent être très chers et représentent alors un vrai budget pour la femme. Ces cheveux sont souvent lisses et longs, très « européens ». Ils peuvent aussi être méchés ou blonds. 

À Conakry, je vois de nombreux salons de beauté et de coiffure. Les femmes s’y retrouvent pendant des heures. Dans les villages, les femmes semblent aussi se retrouver et se créer ainsi des moments bien à elles. Dans tous les cas, ces moments-là sont peut-être une forme d’émancipation par rapport à la domination masculine. Ces espaces (physiques et mentaux) me font penser à un gynécée où se mêlent féminité, séduction mais aussi certainement — et finalement — reproduction de l’autorité de l’homme (on se fait belle pour lui). 

Ces réflexions sont le fruit de mes observations et des discussions que j’aie pu avoir depuis que je suis arrivé en Guinée. Elles sont probablement pertinentes mais demandent certainement à être vérifiées. Restons modeste. 

(Alain Licari, Conakry, octobre 2021)


alain licari

Je suis né France, j’ai vécu quelques années en Espagne et j’ai travaillé à New York City de 2015 à 2020. Depuis septembre 2020, je suis installé à Conakry (Guinée).

Photographe autodidacte, je suis inspiré par la photographie humaniste et sociale en noir et blanc, et plus particulièrement par de grands maîtres tels que Raymond Depardon, Sebastiao Salgado, Mary Hellen Mark, Dorothy Lange ou encore Eugène Smith.

Mon travail photographique s’articule donc essentiellement autour de personnes qui vivent à la marge du système ou dont la vie quotidienne peut prendre une valeur universelle. Je m’immerge au plus près d’elles, nous partageons de longs moments ensemble ; j’observe et je cherche la bonne distance pour témoigner ensuite de ces histoires qui interrogent l’actualité et nos modes de vie.

Ma démarche photographique s’apparente au documentaire dans la mesure où je prends le temps de produire mes séries, de retourner régulièrement dans les lieux photographiés. Cela me permet d’approfondir un sujet, de l’explorer sous différents angles et d’en observer l’évolution dans le temps. Mais je m’attache aussi à produire une photographie esthétique en apportant un soin particulier au cadrage et à la composition souvent inspirés par le cinéma.

Je photographie en noir et blanc car j’aime travailler la lumière, les ombres, le contraste. J’aime la subtilité et la sensualité du noir et blanc, la nuance qu’il faut aller chercher, l’effort qu’il demande au photographe sans quoi l’image proposée est binaire et fade. J’aime ce que le noir et blanc suggère, son intemporalité et l’interprétation ouverte qu’il offre au spectateur. Mais j’aime aussi la radicalité d’un contraste fort qui donne alors à voir un monde -réellement- «en noir et blanc».

Ce portrait a été pris à l’occasion du vernissage de l’exposition Me dicen el Migrante à la galerie L’angle Photographie, par David Duchon Doris, en octobre 2019.


Actualités

En Afrique, la pêche artisanale est un facteur de stabilité alimentaire, économique et sociale pour une grande partie de la population. Mais le changement climatique, la pêche industrielle et ses bateaux usines raréfient les ressources des eaux du continent.

En Afrique de l’Ouest, des milliers de familles de pêcheurs se retrouvent alors dans des situations précaires qui les poussent à abandonner leur activité, leur village ou à migrer clandestinement vers l’Europe.

De la pirogue au marché, de la fumerie au village, « Promesses de l’eau » rend hommage à la pêche artisanale au Sénégal et en Guinée, à ces familles qui vivent péniblement et modestement de leur travail.

Quatre photos de la série « Promesses de l’eau » seront visibles du 11 décembre 2021 au 15 janvier 2022 lors de C’est quoi pour vous la photographie ? l’exposition collective qui rend hommage à Bernard Plossu à Tourcoing, et feront partie du livre qui accompagne l’exposition.


Expositions 2021
Novembre : 2nde Photographic Night of Selma Festival (Selma. USA).
Projection. Série : « Les Promesses de l’eau _ Sénégal. Guinée »

Octobre : Festival Les Nuits Photographiques d’Essaouira (Essaouira. Maroc)
Projection. Série : « Les Promesses de l’eau _ Sénégal. Guinée »

Septembre : Festival Les Confrontations Photos de Gex (Gex. France)
Exposition. 23 photos. Série : « Shit, Shower, and Shave”

Juillet : Festival Les Nuits Photographiques de Pierrevert (Pierrevert. France)
Projection. Série : « Les Promesses de l’eau _ Sénégal. Guinée ».

Juillet : Rencontres Photographiques d’Arles _ Voies Off (Arles. France)
Galerie Le 3 _ Le Collectif du Hérisson
Exposition. 8 photos. Série « American Borderline(s) ».

Juin : Festival Présence(s) (Montélimar. France)
Projection. Série « Your Wall. Our Lives”

Mars : Galerie Rastoll (Paris. France)
Exposition. 36 photos. « American Borderline(s) »

Expositions 2020
Octobre : 1st Photographic Nights of Selma Festival (Selma. USA)
Projection. Série : « Your Wall. Our Lives »

Août : Kuala Lumpur Photo Festival (Kuala Lumpur. Indonesie)
Exposition collective. 1 photo. Series: « We could be Heroes. Just for one day »

Juillet : Galerie La Place des Photographes _ Les Rencontres Estivales (Arles. France)
Exposition. 23 photos. Série : « Shit, Shower and, Shave »

Mars : Festival « Rencontres de la Photo de Villeneuve-sur-Seine » (Villeneuve-sur-Seine. France)
Exposition. 7 photos. Série : « Blowin’ in the Wind. Dia & Sons »

Janvier: Plaxall Gallery (New York. USA)
Exposition. 10 photos. Série: « We could be Heroes. Just for one day (Slab City) »